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Capitalisme : de libre marché VS de connivence

La grande confusion

Voilà une confusion très fréquente qui me semble essentielle à dissiper. Un fil pour vous aider à distinguer l'un (légitime) de l'autre (illégitime).

1. Capitalisme de libre marché

Derrière le mot de "capitalisme" se cache deux réalités incompatibles : l’une fondée sur la Liberté, l’autre sur la faveur politique. Mais on entend souvent que le capitalisme, c’est la propriété privée des moyens de production. C’est vrai, mais la définition mérite d’être largement affinée. C'est même ce qui nous permet de faire la différence entre libre marché et connivence.

Nous devons prendre de la hauteur pour replacer ce mode de production dans un contexte juridique. Nous agissons toujours depuis un cadre institutionnel, qui reste à définir. L’environnement du capitalisme de libre marché sera nécessairement celui des droits de propriété. À partir de ce fondement, on peut déduire plusieurs éléments logiques supplémentaires. Le capitalisme de libre marché suppose :

- la propriété privée (base juridique absolue)

- l’échange volontaire (prix de marché)

- l’accumulation du capital / de monnaie saine (épargne, investissement, préférence temporelle orientée vers le futur)

- le mécanisme de pertes et profits (feedback du réel)

- le calcul économique (allocation efficiente des ressources)

- la pleine concurrence (absence de privilèges légaux)

Voyez que c’est un peu plus complexe que la simple propriété privée. En fait, c'est l’environnement juridique initial qui permet ensuite au capitalisme de s’exprimer naturellement. Ainsi, vous n’avez pas de calcul économique en régime socialiste (cf. Ludwig von Mises), du fait de la répression des droits de propriété, et donc de l’abolition des prix de marché.

2. Capitalisme de connivence (copinage)

Si le capitalisme de libre marché repose sur un cadre institutionnel fondé sur les droits de propriété (avec tout ce que cela suppose), le capitalisme de connivence surgit lorsque l’État s’en mêle. C’est ici que l’erreur de diagnostic commence ! En effet, bien des personnes croient critiquer le capitalisme alors qu’elles visent en réalité l’intervention politique dans l’économie. Je préfère d'ailleurs parler de copinage, pour éviter d’amalgamer le capitalisme à l’État.

Le copinage n’est pas une forme alternative de capitalisme. C’est une déformation parasitaire, un produit secondaire de l’interventionnisme. Le seul mécanisme existant hors de toute intervention est le capitalisme de libre marché. Le copinage n’apparaît qu’à partir du moment où l’État intervient pour fausser le jeu du marché et prendre sa part du butin. Ainsi, le problème ne réside pas dans le capitalisme lui-même, mais dans le cadre institutionnel qui l’encadre et le pervertit. Or, l’intervention de l’État ouvre la voie à des phénomènes qui n'auraient jamais vu le jour sans lui :

- des subventions aux entreprises privilégiées

- des barrières légales à l’entrée (licences, quotas, normes arbitraires, etc.)

- des sauvetages bancaires

- des protections douanières

- des marchés captifs via les marchés publics

- des monopoles légaux

- des réglementations sur mesure conçues avec les lobbies eux-mêmes

Toutes ces mesures violent la concurrence en accordant à certaines entités des privilèges légaux que le capitalisme de marché interdit par définition. Ce système est le nôtre, vous l’aurez deviné. Notre monde baigne dans la connivence avancée. Cela produit, entre autres choses :

- une allocation inefficiente des ressources (supposant derrière des cycles économiques avec leurs récessions)

- une consolidation du pouvoir entre élites politiques et économiques

- une confusion dans l’esprit public entre capitalisme de libre marché et le copinage

Le copinage, c’est l’alliance entre le pouvoir politique et des intérêts privés pour piller légalement les productifs, à l’abri du monopole de la violence.

3. Le copinage comme destructeur du capital

Le copinage n’est pas un raccourci vers la réussite, mais un poison pour chacun de nous. Il fausse les prix, décourage les entrepreneurs et favorise les rentiers. En récompensant la proximité politique plutôt que la satisfaction des besoins humains, il inverse toute la logique du marché.

La société devient peu dynamique, car la concurrence y est réprimée. Elle valide l'injustice en légalisant la spoliation et en punissant les acteurs honnêtes. Elle se révèle inefficace en empêchant l'allocation des ressources. Le copinage transforme ainsi l’économie en une gigantesque chasse gardée. Et bien sûr, ce sont toujours les plus petits qui en paient le prix fort.

Je pense que peu de gens imaginent à quel point notre monde est anticapitaliste, pro-copinage. La structure mondiale du capital reflète bien davantage les besoins étatiques que les besoins des gens. À ce titre, il y a un nombre incalculable de projets et d’entreprises qui n’auraient jamais vu le jour (ou pas de la sorte) au sein d'un cadre institutionnel de droits de propriété.

Sur un marché libre, le capital se structure en réponse aux préférences des consommateurs révélées par les prix. Mais dans un système connivent, cette boussole est faussée. Le capital s'y oriente vers le pouvoir. On ne produit plus ce qui est désiré, mais ce qui est subventionné. On n’investit plus selon la rentabilité économique, mais selon la volonté politique.

4. Cas concrets

Après la théorie, voici quelques illustrations de ce que j'explique. Le copinage est une mécanique bien réelle, à l’œuvre chaque jour dans nos économies.

Voici quelques exemples :

4. 1. Les subventions agricoles

Saviez-vous que les multinationales agroalimentaires captent des milliards d’euros de subventions (PAC en Europe, Farm Bill aux USA) ? Il en résulte notamment une distorsion de la concurrence avec les petits producteurs, et des surproductions regrettables.

4. 2. Les sauvetages bancaires (2008 et au-delà)

Les banques étatisées prennent des risques insensés et n’assument plus leurs pertes. Elles sont sans cesse renflouées par les États avec l’argent des contribuables. Nous nous retrouvons avec des entités bénéficiant de profits privatisés, tout en socialisant les pertes.

4.3. Les réglementations sur mesure

Big Pharma, Big Food, Big Finance, Big Tech : chaque secteur a ses lobbies à Bruxelles comme à Washington. Ce sont eux qui co-écrivent les normes qui empêcheront leurs concurrents d’exister. C’est une logique d’ingénierie juridico-économique tout à fait étrangère au capitalisme de libre marché.

4.4. Les cartels de licences légales

- Taxis et VTC : licences coûteuses et contingentées

- Médecins, notaires, pharmaciens : numerus clausus

- Grands médias : subventions, accréditations réservées, etc.

Ces barrières à l’entrée viennent tout droit de l’État. On transforme ainsi des activités productives et désirées en bastions fermés.

4.5. Les marchés publics

Les marchés publics reposent sur des appels d’offres, des critères étatiques et des réseaux de relations. Des pans entiers de l’économie sont ainsi accaparés par l’État, alors même qu’il est incapable d’allouer efficacement les ressources par nature. Il en résulte inévitablement du gaspillage.

4.6. Le protectionnisme

Les tarifs douaniers, censés "protéger l’industrie nationale", relèvent eux aussi de l’intervention étatique. En réalité, ils protègent des industriels connectés et des rentiers contre les choix du consommateur, qui paiera plus cher en bout de chaîne. Il n’y a pas de "patriotisme économique". Il n’y a que des gens qui légalisent le vol et s’enrichissent sur notre dos.

5. Pourquoi est-ce nécessaire d’en parler ?

La confusion entre capitalisme de libre marché et copinage alimente un malentendu aux conséquences désastreuses sur le plan économique.

5.1. Pour dissiper la confusion : le capitalisme n’est pas le problème

Beaucoup de personnes condamnent le capitalisme en croyant dénoncer le problème majeur de notre monde. Mais ce qu’elles rejettent sans le savoir, ce sont les effets pervers du copinage. Elles voient des fortunes et des big business survivre grâce aux subventions, des secteurs verrouillés, des institutions financières mondiales... et en déduisent que le marché est injuste. Erreur ! Ce n’est pas le marché qu’elles décrivent, c’est le copinage. Ce malentendu joue contre le capitalisme, injustement discrédité en lieu et place de l’État.

5.2. Pour comprendre d’où vient notre prospérité

Ce qui soutient notre vie moderne ne vient ni des promesses politiques, ni de la redistribution, ni des plans quinquennaux. Notre situation économique résulte de l’accumulation de capital, permise par le respect (relatif, et de plus en plus menacé...) des droits de propriété, qui permet une préférence temporelle tournée vers l’avenir.

C’est l’épargne, l’investissement et l’échange qui produisent la richesse. L’État ne crée rien : il consomme et redistribue ce qu’il n’a pas produit à des fins politiques. Si vous tuez le capital, vous tuerez aussi la prospérité. Il n’y a pas de miracle économique : il n’y a que des cadres institutionnels favorables ou défavorables à la richesse des individus.

5.3. Pour briser le cycle de soumission à nos bourreaux

Tant que les individus croiront que l’État les protège de la "violence du marché", ils réclameront toujours plus d’État à chaque crise provoquée… par l’État lui-même. C’est un cercle vicieux :

L’État intervient → crée des déséquilibres → engendre de la frustration → prétend corriger les dégâts en intervenant encore davantage.

L’État renforce ainsi son emprise sous les applaudissements d’un public qui n’a toujours pas compris sa sombre manœuvre, entretenue par le mythe de l’État sauveur. Il est donc temps d’ouvrir les yeux. Le danger ne vient pas du marché libre, mais de son sabotage.

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