Suite à la « vague Ghibli » sur les réseaux, voilà un podcast improvisé pour proposer une critique de 3 films de Miyazaki. L’audio provient de mon canal Telegram, et j’ai jugé bon de le transmettre également à ma liste e-mail. Vous allez voir qu’il y a de nombreuses scènes tout à fait intéressantes pour un anarcap chez Miyazaki !
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🌳 Princesse Mononoké (1997)
▶️ Synopsis
Le film raconte le conflit entre les humains et les esprits de la nature dans un Japon mythique. Ashitaka, un prince banni de son village, cherche un remède à sa malédiction et se retrouve médiateur entre la forge humaine dirigée par Dame Eboshi, et les créatures sacrées de la forêt, dont San (la princesse Mononoké) est l’émissaire humaine.
🎨 Intentions de Miyazaki
L’auteur explore la complexité du conflit entre nature et industrie sans tomber dans un manichéisme trop présent. Aucun personnage n’est totalement bon ou mauvais, bien que l’accent soit tout de même porté sur la Princesse et les esprits de la nature. C’est un récit ancré dans un Japon médiéval en transition, où Miyazaki souhaitait interroger le prix du progrès tout en appellant à la cohabitation.
👥 Personnages principaux et lecture anarcho-capitaliste
Dame Eboshi dirige la forge Tatara. Elle incarne l’entrepreneure rationnelle et déterminée. Elle emploie des lépreux, des prostituées, des exclus. Elle les intègre à un système productif. Elle défend donc de fait la propriété, organise la sécurité, produit de la richesse : en bref, elle met en place un ordre social privé sans autorité centrale.
San, élevée par les loups, incarne le tribalisme mystique. Elle rejette l’humanité et toute appropriation du monde. Elle agit selon des codes sacrés et pré-rationels.
Ashitaka, le héros médiateur, ne cherche pas à unir ou à gouverner, mais à permettre une coexistence. Il est l’agent d’une paix par la séparation volontaire, non par la fusion.
L’Empire (représenté par Jigo) incarne l’Etat central coercitif, parasite, manipulateur. Il agit par la ruse et le vol (voler la tête du Dieu-Cerf) et s’éclipse sans gloire une fois que les forces locales s’autonomisent.
✅ Conclusion
En fin de film, les conflits se résolvent par la reconnaissance mutuelle des souverainetés locales : Eboshi reconstruit, San reste dans la forêt. Chacun garde son ordre, sans centralisation ni fusion forcée.
🧹Kiki la petite sorcière (1989)
▶️ Synopsis
Kiki, jeune sorcière de 13 ans, quitte le foyer familial pour accomplir sa période de formation. Elle s’installe dans une ville portuaire et décide de monter un service de livraison en balai volant.
🎨 Intentions de Miyazaki
Le film est une métaphore de l’entrée dans l’âge adulte, de l’émancipation, de la quête de sens. Miyazaki veut montrer la valeur de l’effort, de l’autonomie, du lien social.
👥 Personnages principaux et lecture anarcho-capitaliste
Kiki crée une entreprise (sans subvention ni permission !), repère un besoin, offre un service, gère les risques (panne, fatigue, tempête), fixe ses prix, s’améliore, interagit avec des clients etc. C’est un marché sans règlementation ni coercition. Lorsqu’elle perd ses pouvoirs, elle doute sans abandonner pour autant.
✅ Conclusion
Miyazaki montre ici un ordre social fondé sur l’échange libre entre individus.
🏰 Le Château ambulant (2004)
▶️ Synopsis
Sophie, jeune chapelière, est frappée d’une malédiction qui la vieillit subitement. Elle trouve refuge dans le château magique de Howl, sorcier excentrique qui refuse de participer à la guerre. Ensemble, ils tentent de briser leurs sorts et de rester à l’écart d’un monde en guerre.
🎨 Intentions de Miyazaki
Le film est une critique très explicite de la guerre et une célébration de l’amour, de l’intégrité et de la protection des innocents.
👥 Personnages principaux et lecture anarcho-capitaliste
Howl m’apparaît comme une figure de sécession : il refuse de servir l’Etat, d’obéir aux rois, de rejoindre la guerre. Il vit dans un château mobile, sans adresse fixe, accessible uniquement à ceux qu’il choisit. Il exerce un contrôle absolu sur sa propriété, sélectionne ses relations et vit en paix. Sophie, en entrant dans ce château, passe d’une existence soumise et terne à une vie libre, faite de décisions et de liens très riches. Le château est un territoire privé flottant, sécurisé par la magie et hors de portée des autorités.
✅ Conclusion
À la fin du film, Howl et Sophie choisissent de vivre à leur façon, de façon parfaitement civilisée.
Pour conclure, je dirais que Miyazaki fait sans doute trois erreurs majeures. Je me base sur certaines de ses déclarations ainsi que ses films pour le dire :
❌ Confusion entre connivence et marché libre : il semble penser que les effets délétères du monde moderne sont ceux du capitalisme de libre marché alors qu’il s’agit de ceux de l’État.
❌ Nature déifiée plutôt qu’appropriée et transformée : il sacralise la nature au lieu de comprendre que la meilleure protection de l’environnement passe par la propriété privée.
❌ Croyance que la guerre est un produit de la technique ou de l’avidité humaine : c’est l’État, par le biais de son monopole de la violence, qui en est toujours la source.
En somme, Miyazaki nous transmet des histoires où l’anarcho-capitalisme est présent en filigrane, tout en se disant d’une sensibilité de gauche humaniste et écologique.
Mais on échappe pas à la Liberté, jamais.
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