Lors d'une interview récente chez Lex Fridman, le président argentin Javier Milei a réaffirmé son positionnement politique auprès du vidéaste : "anarcho-capitaliste en théorie, mais minarchiste en pratique".
Tiens donc ? Comme si l'on pensait X hors de la réalité, alors que Y y serait parfaitement adapté. X serait au mieux un idéal à atteindre, mais soyons sérieux : Y est quand même bien plus réaliste dans le "vrai monde".
Hélas pour notre homme du "vrai monde", cette assertion ne tient pas du tout la route. En fait, le semblant de logique derrière ce discours découle d’un malentendu fondamental sur ce qu’est une théorie.
Une théorie n’est pas une vue de l'esprit détachée du monde. C'est une élaboration de la pensée issue de l'observation et de l'analyse de ce monde. Une théorie cohérente est la structure logique qui explique et organise les faits de notre réalité.
Une théorie correcte part donc nécessairement de la réalité, car la réalité est le cadre incontestable de notre existence humaine. La réalité s’impose à nous à travers nos perceptions et nos interactions.
Ludwig von Mises et Murray Rothbard insistaient bien sur ce lien direct entre nos actions humaines (manifestations) et les lois économiques (abstractions de la pensée).
On peut donc dire que notre réalité s'explique toujours en théorie. Si la théorie est valide, alors la réalité en est le reflet le plus cohérent possible. Ainsi, une théorie qui ne s'applique pas à la réalité est erronée et elle doit être corrigée.
Par exemple, le socialisme prétend qu'il est possible d'organiser l’économie sans propriété privée. Sauf que le socialisme rend impossible tout calcul économique car il supprime les prix de marché, pourtant nécessaires à la coordination des ressources.
Cette erreur théorique se traduit par des pénuries ou des gaspillages en pratique. La théorie socialiste contredit la réalité économique et c'est pourquoi elle doit être rejetée au profit d’un modèle supérieur (l'enseignement de l'école autrichienne).
Sortons du relativisme épistémologique et affirmons qu'il n'y a pas de scission à créer entre théorie et réalité. Oserez-vous le courage de la cohérence ?