Michel Barnier souhaite étendre le principe du taux zéro à l'ensemble du territoire.
🤔 Alors, bonne ou mauvaise idée ? Décryptage !
Mauvaise idée. Basta.
Mais restez quand même un peu chers amis !
Je vais vous dire pourquoi cette politique du taux zéro est une bêtise par principe.
Ceux qui préfèrent la vidéo à l'écrit peuvent cliquer ci-dessus et profiter de mes développements à l'oral.
1. Pourquoi vouloir étendre le taux zéro ?
Commençons par identifier les raisons d'une telle politique. Comme toute manipulation étatique (le fait pour l'État d'intervenir au sein de l'économie), le taux zéro sert à flécher nos comportements.
Dans le cas présent, Michel Barnier souhaite répondre aux crises du logement et de la construction. Dommage de ne pas penser à la déréglementation des secteurs concernés plutôt qu'au taux zéro qui n'est jamais sans conséquences.
Dans une politique du taux zéro, les emprunteurs ne paient aucun intérêt sur le montant emprunté, ils remboursent seulement le capital.
En fait, les prêts à taux zéro sont un outil parfait de la stratégie keynésienne dans la mesure où ils permettent aux ménages et aux entreprises de consommer et d'investir sans avoir à supporter le coût des intérêts.
2. Taux d'intérêts naturels
J'aimerais revenir sur la constitution des taux d'intérêts avant même de parler des conséquences du taux zéro. Les taux d'intérêts naturels se forment par l'équilibre entre notre désir de consommer immédiatement (présent) et notre désir d'épargner pour demain (futur).
Dans un système bancaire sans réserve fractionnaire (pas le cas aujourd'hui), l'offre de capital disponible pour les prêts proviendrait uniquement de l'épargne réelle des individus, c'est-à-dire des fonds que les gens ont volontairement déposés pour être prêtés.
Si vous permettez, je passe sur la réserve fractionnaire pour ne pas vous perdre ici. Sachez simplement que nous sommes dans un système bancaire où chaque dépôt crée une nouvelle possibilité de prêt (planche à billets, effet multiplicateur).
C'est une manière de créer de l'argent à partir de rien, ce qui fait enfler la masse monétaire, distord les marchés et provoque des phénomènes de bulles.
En principe, les taux d'intérêts devraient refléter la rareté du capital. Si nous sommes de plus en plus nombreux à reporter notre consommation pour épargner, l'offre de capital sera abondante pour les entrepreneurs et les taux d'intérêt baisseront.
Si au contraire nous nous mettons à valoriser le présent par rapport à l'avenir, le capital deviendra plus rare et les taux d'intérêt augmenteront. On parle de coordination intertemporelle entre l'épargne et l'investissement.
3. Effets long terme des prêts à taux zéro
En toute logique, le taux zéro encourage le crédit facile. Côté politique, on se félicitera des récents investissements, de la relance de la consommation et du renouveau dans certains secteurs.
Côté individus, nous aurons davantage de marge de manoeuvre dans notre vie courante et plus de capital disponible pour mener à bien nos projets. En apparence, tout va bien ! Oui, en apparence...
Le génial Frédéric Bastiat le disait déjà : "il y a ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas". C'est pourquoi je refuse d'écouter plus de 5min un "économiste" qui décide de me parler de ce qu'on voit sans mentionner la face cachée de l'iceberg économique.
Le taux zéro fausse le mécanisme d'ajustement des taux d'intérêts naturels que j'ai expliqué plus haut. Cela conduit à une allocation suboptimale des capitaux puisque des projets non viables en condition naturelle de marché seront financés par de l'argent généré à partir de rien.
Cette coordination manquée entre l'épargne et l'investissement est à l'origine de ce que l'on appelle des bulles économiques. Lorsque les conditions du crédit changent, la réalité économique reprend ses droits.
Les projets qui dépendaient du crédit facile et qui n'auraient pas survécu dans un marché disposant de taux d'intérêts naturels commencent à s'effondrer. La correction de marché frappent alors tous ceux qui ont mal alloué leurs ressources, trompés par les taux d'intérêts.
Ensuite, le taux zéro est une manière de produire de l'inflation. Quand l'offre de monnaie augmente sans augmentation correspondante de l'offre de biens et services au sein d'une économie, les prix augmentent pour ces derniers.
Mais les prêts à taux zéro génèrent aussi plus de dépendance des individus et des entreprises vis-à-vis de l'État. En nous incitant au surendettement, l'État sait qu'il saura se rendre indispensable quand la récession pointera le bout de son nez.
Enfin, le principe du taux zéro décourage l'épargne pour reporter notre consommation vers le présent. Quand il n'y a pas de rémunération pour le capital épargné, les gens sont davantage incités à consommer.
En bref, le taux zéro est typiquement un "machin politicien court-termiste" destiné à stimuler temporairement l'économie, qui tôt ou tard faussera les signaux du marché, trompera les entrepreneurs et contractera l'épargne.
Alors un grand merci, Monsieur Barnier !