Voilà un nouvel angle d'attaque pour pointer du doigt la différence fondamentale d'analyse entre les libertariens et tous les acteurs du champ politique. Monsieur Thionnet nuance la notion de guerre de civilisation, tandis que des identitaires le reprennent pour critiquer cette position, étant convaincus que la grille de lecture civilisationnelle est la meilleure.
En bref, une confrontation d'opinions classique, fondée sur des critères politiques, historiques et culturels. Qu'on parle de la position de Monsieur Thionnet ou des critiques identitaires qui lui sont faites, quelque chose me saute aux yeux : le Pouvoir n'est jamais mentionné comme responsable de la guerre.
Cela ne fait aucune différence que des conflits soient internes (entre hommes blancs/occidentaux) ou externes (Occident/Orient): il s'agit d'abord de réaliser que les initiateurs de la violence de masse sont toujours les États. Laissez-moi vous proposer un éclairage structurel sur la question, bien que loin d'être exhaustif. Reprenons par la base: l'État institutionnalise la violence.
Il s'oppose à la propriété privée (loin de la garantir, il vit à travers elle) et donc à la souveraineté individuelle. Il fait la loi, prélève l'impôt (et exerce diverses formes de spoliation/corruption), détient la violence légitime et s'arroge un certain nombre de monopoles. Chacun pourra le constater dans son quotidien.
Ainsi, quiconque s'amuserait à frauder trop longtemps avec des sommes d'argent importantes pourrait finir en prison. Vous payez vos impôts parce que vous êtes conscients de cette menace. Cela dit, une nuance doit ponctuer mon argumentaire avant d'aller plus loin. Je ne dis pas un instant que la violence n'existerait pas dans un monde dépourvu d'États.
Je fais simplement une différence entre la violence institutionnelle et la violence qui ne l'est pas. Celle d'un homme sur un autre ou même de petits groupes entre eux. Ainsi, dans un monde libéré du joug étatique, l'idée même d'une guerre de masse aurait bien moins de chances d'advenir.
Les États font la guerre parce qu'ils le peuvent et parce que cela appartient à leur nature profonde, opposée à celle des entreprises. Il faut déjà une manne d'argent absolument considérable pour faire la guerre et utiliser des armes de destruction massive (missiles, bombes, tanks), qui viendront d'ailleurs injustement tuer des individus n'ayant jamais initiés aucune violence.
Qui dit moyens de la guerre de masse dit vocation à utiliser des armes de masse et donc dégâts en proportion. La manière la plus efficace de s'enrichir suffisamment afin d'exercer ce niveau de violence (+ la capacité à durer sur du long terme) reste le vol généralisé. Cela comprend toutes formes d'aides internationales, correspondant à des transferts d'argent volé d'un endroit A à un endroit B.
Mais c'est aussi une question de nature. Quelle entreprise aurait intérêt à se lancer dans pareille aventure meurtrière alors même que ses coûts seraient colossaux (sachant qu'elle n'a pas le luxe du pouvoir fiscal) et qu'elle perdrait sans doute de nombreux clients et partenaires à cause de la violence dont elle fait soudainement preuve ?
Une entreprise n'a strictement aucune raison de faire la guerre. Sa mission est de faire des profits en rendant des services. Ses moyens sont légitimes car ils sont économiques. Sa nature est donc antagoniste à celle de l'État, qui use des moyens politiques.
Les différents acteurs du champ des idées produisent des analyses pour savoir pourquoi certains États entre en conflit. L'analyse libertarienne s'attarde sur le Pouvoir lui-même comme source du mal originel.
C'est parce qu'il y a Pouvoir qu'il y a moyens politiques lui permettant d'assouvir ses funestes ambitions. C'est parce que sa nature est foncièrement guerrière qu'il sera toujours incité à étendre sa domination, notamment parce que l'obtention d'un plus vaste territoire est souvent l'occasion de récupérer un plus grand butin.
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