Conflit russo-ukrainien, et maintenant ?
Débrief au lendemain de l'entrevue du 28 février 2025
Le 28 février 2025, nous avons assisté à un rituel d’humiliation diplomatique inédit. Volodymyr Zelensky, venu chercher un soutien vital auprès de Donald Trump et J.D. Vance, a été sèchement rappelé à la réalité.
Débrief de la situation👇
Depuis 2014, l’Ukraine est le terrain d’un affrontement entre l’impérialisme russe et l’ingérence occidentale, où les populations locales paient le prix des décisions belliqueuses de leurs dirigeants.
Comment ne pas évoquer d'abord le renversement de Viktor Ianoukovitch après les manifestations de Maïdan, largement soutenues par les États-Unis et l’UE. Moscou y réagit en annexant la Crimée et en soutenant des insurrections séparatistes dans le Donbass. Puis l’armée ukrainienne intervient et le conflit s’enlise jusqu’aux accords de Minsk II (2015) qui ne seront jamais vraiment respectés.
En 2022, la guerre éclate à grande échelle avec l’invasion russe. Poutine se sert du moment pour justifier sa volonté de remodeler la Russie à l'ère post-soviétique et pour empêcher que Kiev ne tombe entre des mains occidentales à l'avenir. Sur le papier, il usera notamment des prétextes de la dénazification et de la démilitarisation du pays pour agir. L’Ukraine résiste, soutenue par une perfusion occidentale massive.
Entre l'aide américaine et celle de l'UE (plus importante encore), ce sont des centaines de milliards qui ont été alloué sous forme d'aide militaire, financière et humanitaire (Musk souhaite d'ailleurs enquêter sur l'utilisation des fonds). En outre, des exactions sont documentées des deux côtés depuis le début des hostilités : les bataillons nationalistes ukrainiens et les forces russes pratiquent tortures et exécutions sommaires. Le régime de Kiev instaure également une conscription forcée avec des rafles dans les rues pour envoyer des hommes au front. L'horreur de la guerre en action.
De son côté, Zelensky incarne un personnage héroïque taillé sur mesure pour la guerre. Créature politique fabriquée par l’oligarchie ukrainienne et sponsorisé par les États-Unis, le président Zelensky s'était jusque-là habitué à s'entretenir auprès d'un Joe Biden fort conciliant. Mais hier, tout a changé pour lui. Il s'est retrouvé face à un duo Trump/Vance qui n'a visiblement pas beaucoup apprécié son attitude. Après avoir visionné les images, je pense que le duo américain a fait preuve d'une condescendance certaine mais que le président ukrainien est aussi fautif de s'être enlisé vers la fin de l'échange.
Zelensky a manqué de patience et s'est agacé à tort. La petite phrase consistant à dire que "les États-Unis sont protégés par des océans, qu'ils ne ressentent pas les effets de la guerre mais qu'ils le sentiront dans le futur" était clairement provocante. Qui dit cela pour négocier ? Par ailleurs, pourquoi venir encore et toujours habillé comme s'il était sur le front ? Souhaites-tu montrer ta bonne foi, ta volonté de trouver une solution pérenne ?
Un costume correct et une posture plus ouverte auraient sans doute évité cette scène d’humiliation mondiale, même si cela ne m'empêche pas de reprocher au duo américain sa rudesse. Le recadrage des américains leur a d'ailleurs permis de clarifier leurs positions. Les aides ne sont pas inconditionnelles. Zelensky n'est pas en position pour titiller les dirigeants américains. Trump et Vance semble chercher un deal pour amorcer leur retour sur investissement. Cynique ? Oui, c’est ainsi que fonctionne notre monde étatique. Comprenez-vous pourquoi je passe mon temps à vous dire qu'il nous faut sortir de l'État ?
N’oublions jamais ce qu’est le pouvoir et quels sont les intérêts des gens qui sont à la manoeuvre. Tout cela n’est qu’un vaste jeu de domination et d’argent. Les États-Unis veulent récupérer leur mise, et plus encore engranger des profits. Je dirais donc que Zelensky s’est mis en position délicate et qu'il a été surpris par l'adversité rencontrée. Nous sommes loin de Joe Biden que j'ai cité précédemment, ou même d'un Boris Johnson qui s’était déplacé à Kiev pour conseiller plus que vivement à Zelensky de ne rien signer avec la Russie. Aujourd’hui, la Maison Blanche inverse la dynamique et resserre l’étau sur Kiev.
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